Serait-ce dû à une grande inquiétude, doublée par une empathie pour le confort et la sécurité des « Français-es », que le Président Macron prend l’engagement de relancer la filière nucléaire avec la mise en chantier prochaine de six réacteurs afin qu’ils soient opérationnels dans 13 ans ?
Cette décision, sous l’intitulé Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), doit s’articuler sur l’ensemble des sources énergétiques dont la France serait demandeuse, mais c’est bien l’option nucléaire qui détient la palme et dans une moindre mesure en terme de quantité de watt, la biomasse… A contrario, les parents pauvres de l’énergie électrique (dite renouvelable) conservent leur place en queue de peloton (la biomass renouvelable est discutable…)
Pour faire passer cette « pilule » à l’électorat, le gouvernement prépare un débat public, qui sera encadré par une commission dite indépendante. Médiatisée fin octobre cette consultation devrait s’étendre sur quatre mois.
Or, si on se réfère aux précédents cet avis ne sera qu’un déguisement démocratique, vu que de prime abord une loi doit être votée à son issue : macronistes, RN, LR, PCF, PS… les pronucléaires sont largement majoritaires dans les deux chambres & feront front commun… Et la loi sera votée. La victoire des nucléocrates est quasi certaine ; la mise en chantier serait programmée pour 2024.
Quant passé & présent se confondent
Après les nombreux accidents nucléaires, dont certains furent catastrophiques (Tchernobyl, Fukushima…) et alors que la guerre en Ukraine met à mal la sécurité de ses centrales, et en particulier la centrale de Japorjjia ; sous les bombes sur ses équipements et sur la soldatesque russe qui l’occupe pernicieusement… Et par ailleurs, bien que le réacteur EPR de Flamanville relève davantage d’un professionnalisme de bricoleurs (voir l’encart), les nucléocrates sont mis aux premières loges de la politique énergétique de l’État français, pour le bien du peuple ? Depuis des décennies, plus d’une personne sur deux en France est contre l’énergie nucléaire.
Rappelons que 26 des 56 réacteurs sont toujours à l’arrêt pour problèmes de maintenance. Ces pannes pèsent sur tout le réseau électrique européen alors que la France importe considérablement du courant pour répondre à la demande. En effet, la crise énergétique liée à la perte de l’apport du gaz russe sur fond de conflit avec l’Occident, se juxtaposant sur la politique énergétique de l’État, est elle aussi en crise comme le démontre le problème du parc français.
En 1945, le général De Gaulle, s’appuyant pour une politique énergétique souveraine, créera le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et en 1955 un premier réacteur nucléaire utilisant l’uranium naturel est inauguré en grande pompe. L’Histoire donnera – en quelque sorte – raison au grand Charles, l’indépendance de l’Algérie en 1962, lui « soufflera » les gisement de gaz & de pétrole en son sol ; l’option nucléaire montait en grade. Mais, cette volonté de souveraineté s’appuya également sur l’indépendance de sa politique de défense, grâce à la fabrication de la bombe A, autorisant de facto notre Etat à être classé avec les grandes puissances ;adressant de facto un pied-de-nez à l’Oncle Sam et à l’Ours du Kremlin. En effet, l’industrie nucléaire doit alors sont expansion à diverses finalités : la médecine, la radio-protection, l’électricité, l’armement (bombes, missiles & munitions diverses…). En ce XXI° siècle, qui à de l’argent peut y trouver son compte…
Mais, c’est avec Georges Pompidou (président de la république de 1969 à 1974), que sera lancé le programme de la filière nucléaire civile utilisant l’uranium enrichi. Les premiers réacteurs de ce type seront mis en activité en France en 1977 à Fessenheim (68).
La contestation virulente, déterminée par des écologistes encore en herbe pour la plupart, durant déjà toutes les années que durera le chantier, avec notamment un sabotage à la bombe perpétrée par Françoise d’Eaubonne ; mère de l’éco-féminisme, n’y feront rien, l’autocratie à la gaullienne de Pompon quant à poursuivre le programme établie sera imposé. Durant la décennie suivante, l’ensemble de la filière atomique civile sera effective avec un parc de 27 sites, comportant 58 réacteurs. S’il y eu une victoire antinucléaire, se fut à Plogoff en Bretagne, or là, presque toute la population s’était mobilisée contre une centrale et donc le projet sera retirté !
En 1984, EDF inaugure Superphénix, à uranium naturel, situé dans l’ex-centrale nucléaire de Creys-Malville (38). Mis à l’arrêt treize ans plus tard, ses équipements serviront de laboratoire… Pour la bagatelle de 50 Mds de francs.
La politique de Macron n’ai en rien progressiste, il s’évertue à perdurer une industrie fossile polluante à l’extrême (radio-activité mortelle pour des millénaires). Il n’aurait donc rien compris du process des conditions environnementales conséquentes de toute la chaîne de cette industrie : de l’extraction & élaboration criminelle du minerai, à son utilisation nucléesque, jusqu’à l’entretien dangereux & désordonné de ses déchets, et cela malgré les terribles accidents nucléaires ? Il n’aurait non plus rien compris de l’évolution sociale et civilisationnelle due au climat, et cela malgré les menaces environnementales & conflictuelles qui pèsent sur cette industrie ? Borné le Macron, face aux menaces qui impacteront radio-activement à un moment ou à un autre, pour les siècles à venir… Mais il n’en a cure – son mandat est heureusement moins tardif – tout comme tous ces nucléocrates, ils seront ou oubliés, ou bannis de la communauté des survivants le cas échéant !
Cocorico
Bien que la mise en marche de l’EPR à Flamanville était initialement prévue pour 2012, EDF annonce un report de cette mise en service à 2016, avec un coût passant de 3,3 à 6 Mds/€. En décembre 2012, EDF annonce que le coût du projet s’élèverait maintenant à 8,5 Mds. En novembre 2014, l’électricien annonce un nouveau report de la mise en service à 2017. Le 15 avril 2015, l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) relève des « anomalies de fabrication » sur le fond et le couvercle de la cuve de l’EPR. Aussi, en septembre de la même année, EDF annonce un nouveau report opérationnel au 4° trimestre 2018. Dès lors, son coût atteint 10,5 Mds/€. En mai 2016, des pièces défaillantes dans la centrale sont sorties de l’usine du Creusot, grâce à des dossiers falsifiés ! En juin 2017, l’ASN demande à EDF de changer le couvercle de la cuve, puis autorise le 11 octobre suivant la mise en service du réacteur. En juillet 2018, faisant suite à des « écarts de qualité » découverts sur des soudures, un nouveau retard d’un an est annoncé.
Le chargement du combustible est désormais prévu au dernier trimestre 2019, le raccordement au réseau au 1er trimestre 2020. Mais en avril 2019, l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) et des experts de l’ASN émettent un avis défavorable sur la justification présentée par EDF du maintien en l’état moyennant une surveillance renforcée, de huit soudures sur les 33 incriminées.
En juin 2019, l’ASN ordonne la réparation des huit soudures situées au milieu de la double enceinte de béton qui protège le bâtiment réacteur, donc très difficiles à atteindre ; selon l’ASN, la rupture de ces soudures « ne peut plus être considérée comme hautement improbable », dixit EDF… De facto, le démarrage de l’EPR est renvoyé à la fin 2022 au plus tôt. L’ASN a écarté l’idée d’une réglementation française qui serait tatillonne : le niveau d’exigence est « comparable » à celui « retenu et atteint » pour les EPR de Taishan (Chine) et Olkiluoto (Finlande). « Nous ne sommes donc pas face à une exigence française qui serait d’un niveau supérieur au niveau d’exigence fixé, pour ces soudures, sur les EPR construits à l’étranger ». Mais en juillet 2019, EDF annonce que sa mise en service ne peut être envisagée avant fin 2022. Or, nous y sommes, et aucune annonce ne confirme aujourd’hui ce démarrage. Mais en fait, à la centrale chinoise et depuis peu, des anomalies causant problèmes ont été dévoilées…
Cocorico, vive la Transe !
Le Conseil d’État retoque le projet EPR2
Contrairement aux projets d’installation de production d’énergies renouvelables, les EPR2 ne répondent pas à la qualification de « raison impérative d’intérêt public majeur » car le gouvernement n’a pas apporté de justifications suffisantes : d’une part, quant à la puissance prévisionnelle des installations futures ; d’autre part, quant à la contribution attendue pour la réalisation des objectifs de la PPE : la sécurité d’approvisionnement ; la préservation du pouvoir d’achat des consommateurs ; la compétitivité des prix de l’énergie…
le Conseil d’État rappelle qu’un projet d’EPR2 « ne pourra pas être qualifié d’intérêt général avant la fin du débat public » et que les impacts environnementaux notables devront faire l’objet d’une enquête publique.
Enfin, cet institue est sceptique quant aux motivations de ce projet de loi d’accélération des procédures administratives. Il rappelle que « le manque d’expérience récente de construction de réacteurs nucléaires relativise les appréciations qui peuvent être portées sur ces délais » et estime que « le gain de temps attendu [au niveau des procédures administratives] ne peut être évalué avec certitude ».
« La légèreté de l’étude d’impact (…) montre combien le gouvernement est convaincu de pouvoir passer en force sa relance du nucléaire sans avoir besoin de se justifier. Pour le Conseil d’État : le développement rapide des projets EPR2 est une chimère et le projet de loi d’accélération du nucléaire bafoue la consultation démocratique. » Comme quoi, la course contre la montre n’est jamais la solution !
Le Conseil d’État retoque le gouvernement
En 2021, l’électricité d’origine nucléaire a produit 360,7 TWh (térawatt-heure) soit 69% de la production d’électricité en France métropolitaine. Les 31 % restant sont partagés entre le gaz, hydraulique, le solaire, l’Eolien, le Charbon 0%, avec du courant importé pour 5113 MW (mégawatt), autres… (taux non indiqués.
La loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat prévoit de réduire cette part du nucléaire à 50% en 2035. mais comment faire alors ? Aux six EPR2, exploitables selon la promesse pour 2035-2040, s’ajoute, selon le chef de l’État, huit autre réacteurs pour 2050.
Ces réacteurs de dernière génération auront deux missions : alimenter le parc automobile branchés sur le secteur & remplacer les vieilles centrales qui dépassent 40 années d’exploitation, alors qu’ initialement elles ne devaient pas aller au-delà de 30 ans.
Prouver au monde entier que la France peut… construire & installer en si peu de temps six EPR2 (de Graveline (59), à Bugey (01), ou au Tricastin (26)), Manuel Macron s’imagine – tel l’enfant gâté par une mère-poule – que ce qu’il désire doit être obtenu manu-militari. Or, le Conseil d’État a retoqué le projet élyséen (voir l’encart), et par ailleurs EDF – à contrario des déclarations de son PDG, Luc Rémont (ex banquier d’affaires) – ne serait pas en capacité de pouvoir couler le béton de la première tranche en 2027 ; année de fin de mandat du Président. Car, si l’EPR2 paraît bien ficelé, ce n’est que sur le papier, reste au bureau d’étude à finaliser techniquement le projet. Or, un retard est pris par la filiale d’EDF, Framatome, pour finaliser la configuration du réacteur. Selon Libé, un rapport de ministère de l’économie, chiffrait à seulement 20 % le travail d’ingénierie réalisé. Par ailleurs, des problèmes cruciaux non réglés par l’électricien peuvent très bien se répéter avec la version 2 de l’EPR, notamment sur la question du refroidissement…
Le coût des six nouveaux réacteurs totaliserait un montant de 52 Mds d’euros (coût prévisionnel). La course contre la montre est engagée pour montrer à la planète ce que peut « notre président » !
Toujours dans l’esprit de compétitivité mondiale, le locataire de l‘Elysée montre l’exemple, plutôt que d’œuvrer pour la paix, la justice sociale & de la préservation pour la planète, il pérore pour une prétendue indépendance énergétique et une souveraineté économique du pays, alors qu’il courre après les gisements d’uranium du Kazakstan, du Niger, de la Russie… Que l’ensemble des matériaux indispensables pour une technologie de pointe ne sont pas élaborés dans l’hexagone, que le monde est au bord de la guerre… Par ailleurs, il espère que le site d’enfouissement de déchets nucléaire projeté à Bure (55) accueille également des déchets radioactifs importés.
Chargé de plusieurs dizaines de fûts d’uranium enrichi et de dix conteneurs d’uranium naturel en provenance de Russie, le cargo Mikhail Dudin a déchargé sa cargaison ce 29 novembre à Dunkerque (59). L’uranium déchargé aurait ensuite pris la route (par train et par camions) vers Pierrelatte où sont fabriqués les combustibles nucléaires alimentant les centrales françaises, et/ou de Lingen en Allemagne, précise Greenpeace. La précédente cargaison date du 13 septembre dernier. La France n’est pas dépendante de la Russie pour s’approvisionner en uranium naturel mais bien pour « recycler » l’uranium issu des combustibles utilisés dans les cinquante-six réacteurs du parc » précise l’ONG, et seule l’installation de Rosatom en Sibérie est capable de le faire.
Dans le monde
Le parc nucléaire mondial compte 444 réacteurs nucléaires répartis entre 32 pays selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Presque 70% de ces tranches sont des réacteurs à eau pressurisée, comme celles installées en France. En 2020, ce parc mondial a généré 2 553 TWh, soit 10,2 % de l’électricité au cours de l’année 2021. Les plus importants pays consommateurs de cette énergie sont les États-Unis, avec 93 réacteurs, la France 56, la Chine 54.
Les US en possèdant le plus grand nombre, mais sa part de production d’origine était de 19,7% en 2020. La France reste le pays dont la part d’électricité nucléaire est la plus importante avec ses 69 %.
L’AIEA estime que la production mondiale d’électricité dans son ensemble devrait doubler d’ici à 2050. La part du nucléaire pourrait alors compter pour 12% de ce mix électrique mondial en 2050. Créée en juillet 1957 à l’initiative du président Etat-Uniens Eisenhower, l’AIEA a pour mission de promouvoir « l’atome au service de la paix ». 173 pays sont aujourd’hui membres de l’organisation rattachée aux Nations-Unis. Ses axes de travail, basés sur le traité de non prolifération des armes nucléaires (TNP) concernent : la sûreté et la sécurité du parc nucléaire ; les garanties et la vérification des activités et installations nucléaires ; la promotion de l’utilisation pacifique des sciences et des technologies nucléaires.
Le renouvelable toujours possible
Biogaz, Eolien terrestre & mer, Energies marine, Géothermie, hydroélectricité, photovoltaïque, valorisation des déchets… La diversité d’énergies renouvelables est en capacité de manière décentralisée de subvenir aux besoins en courant électrique du pays, avec toutefois deux conditions : réduire la consommation dont son gaspillage comporte un taux d’environ 40 % d’utilisation et abandonner le projet de la voiture et du chauffage au tout électrique. En revanche, la biomasse et le biocarburant sont à exclure de la certification renouvelable, la première utilise du bois et donc de la production d’une monoculture (qui en éliminant la biodiversité des forêts participe à sa destruction). La seconde subtilise une production agricole, censée nourrir les populations, pour remplir les réservoirs des bagnoles, des camions… c’est l’absurdité même !
Mais le capitalisme n’est-il pas au summum de l’absurdité !?
Afin d’édifier la centrale de Flamanville, le génie civil aura utilisé 400 000 m³ de béton & 50 000T. d’armatures – soit 7 fois le poids de la Tour Eiffel.
Rien que le montant (prévisionnel) de 52 Mds d’euros, permettrait la construction & l’installation de « mille & un » projets renouvelables, et cela dans le même temps.
Pour ce faire, la lutte antinucléaire devrait partout, être à la hauteur du rejet breton au projet de Plogoff. A ce moment là, et uniquement là, Macron & son monde reculeront !
Sources, notamment médias en ligne.
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