Le plan « d’urgence » de 750 milliards d’euros, annoncé par la BCE le 18 mars dernier, consiste en réalité en un programme de rachat des titres de dette publique et privée exclusivement auprès des banques privées, qui s’ajoute aux interventions précédentes pour s’élever à un total de 1050 milliards d’euros d’intervention.
Ce plan ne sera d’aucun secours ni pour l’économie réelle et le secteur de la santé, éprouvés par plusieurs décennies d’austérité et de privatisations, ni pour celles et ceux qui ont perdu leurs revenus suite aux mesures de confinement.
La BCE rejoue la politique du Quantitative Easing qui à partir de mars 2015 avait pris la forme d’un plan massif d’aide aux grands actionnaires des grandes banques, ceux-là mêmes qui étaient les responsables de la crise de la dette.
Dès la fin 2018, plusieurs chocs boursiers et financiers ont été les annonciateurs d’une nouvelle crise dont le Covid 19 a été le détonateur. En témoigne la récession de l’activité économique dans le pays ou une branche pendant au moins deux trimestres. Comme le secteur de la production industrielle entamée dès le second semestre 2019 en Allemagne, en Italie, au Japon, en Afrique du Sud, en Argentine et aux États-Unis.
L’urgence n’est pas de sauver les grands actionnaires des banques et des grandes entreprises privées : l’urgence est de répondre aux besoins de financement du secteur de la santé et aux besoins de protection de toute personne qui aujourd’hui ne dispose pas de logement, d’accès à l’eau, à l’électricité, à l’alimentation ou à des revenus permettant de se les procurer.
C’est pourquoi nous n’accepterons pas de payer une fois de plus pour leur crise.
Nous exigeons :
Une rupture radicale avec la politique de sauvetages inconditionnel des banques et du secteur privé.
- l’annulation des traités européens et leur remplacement par des traités qui priorisent le bien-être des populations sur le bien avoir des investisseurs et spéculateurs.
- l’annulation de toutes les dettes illégitimes qui participent à l’asservissement des peuples par la finance pour les Etats, les régions, les départements, les communes et les hôpitaux publics.
- la mise en œuvre de politiques sociales et d’investissement public assorties d’un véritable plan d’aide pour les populations européennes.
- la mise en place d’un impôt de crise sur les entreprises dont les bénéfices sont les plus élevés et sur les 10 % des patrimoines les plus riches.
- la socialisation sous contrôle citoyen du secteur bancaire et des assurances
- une réforme radicale de la fiscalité sur les patrimoines et les revenus
- la mise à l’arrêt des réseaux d’évasion fiscale des grandes entreprises
- la taxation des transactions financières au-dessus d’un certain plafond
- l’annulation des dépenses militaires et la reconversion des travailleurs·ses du secteur
- l’expropriation et la mise sous contrôle citoyen des secteurs essentiels à définir en privilégiant la RTT, les SCOP et SCIC
Par ailleurs, cette crise a montré à quel point nos sociétés reposent sur le travail de soin aux autres, qui est, dans son écrasante majorité, exercé par des femmes. Il faut reconnaître cette réalité pourtant trop souvent invisibilisée et pousser pour qu’elle soit prise en charge par le secteur public.
Cette crise représente l’occasion d’obtenir un vrai changement des règles du jeu pour modifier radicalement la société dans son mode de vie, son mode de propriété, son mode de production et son rapport à la Nature, en donnant la priorité aux biens communs, à la souveraineté alimentaire et à la relocalisation de la production matérielle et des services, en adaptant une manière de travailler et de produire qui soit compatible avec la lutte contre la crise écologique.
Il nous faut planifier la décroissance tout en améliorant les conditions de vie, élargir la sphère des services publics, le contrôle citoyen, et la démocratisation, pour rompre avec la société du 1 % des plus riches et réaliser la société du 100 % écologiste, socialiste, autogestionnaire, féministe et antiraciste.
*Ce texte est un résumé d’un article du même titre publié sur le site du CADTM
(Comité pour l’abolition des dettes illégitimes). Possibilité de s’abonner gratuitement au bulletin mensuel électronique du CADTM.
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